J’allais écrire : « comme toutes les années la journée du don d’organe donne lieu à un bilan de l’année passée », mais en fait c’est la première fois que j’y assiste !
Pour Bicêtre, cela fait trente ans que les grands noms de la transplantation et des agences qui gravitent, se retrouvent et commentent l’année écoulée.
J’y représentais Transhépate Ile de France.

L’année 2019, en tout cas son début, est marquée par un gros effort de communication sur le don d’organes : d’abord parce que cette fois toutes les associations se sont unies pour promouvoir le don, et notre nouveau ruban vert, auquel tout le monde s’est rallié, n’y est pas pour rien. Ensuite parce que les médias se sont sentis concernés et ont battu la campagne. Particulièrement FR3 et France Bleu ont ouvert des temps d’antenne gratuits.

Toutefois, il faut réorienter les modes de communication car les jeunes regardent de moins en moins la télé au profit des réseaux sociaux.
La formation dans les écoles, collèges et lycées est très importante.

  • 2018 a vu le nombre de prélèvements diminuer de 5%. Vous l’avez déjà lu ou entendu, les deux causes principales ont été une forte épidémie de grippe qui a mobilisé les équipes médicales pour d’autres tâches ; une baisse de la mortalité encéphalique par AVC due à de meilleures prises en charge.
    Les chiffres de cette première partie de l’année 2019 indiquent une augmentation des prélèvements de 8%. Tout semble rentrer dans l’ordre.
  • L’âge moyen de prélèvements est passé à 69 ans en 2019.
  • Il y a toujours 2% de refus de don exprimés.
  • Les pistes d’avenir sont : les progrès sur les machines à perfusion qui améliorent la qualité des greffons et les recherches sur les cellules souches.

 

Les prélèvements à cœur arrêté : Maastrich 3

Oups ! j’ai lâché le mot ! Maastrich a été le mot clé de cette rencontre.

Comme tous les transplantés, j’ai déjà entendu parler de ce type de prélèvement… mais sans trop y voir clair pourtant.
Au cours de cette journée, à force de recoupements, de déductions et d’écoute je commence à me frayer un chemin dans cette technique dite d’avenir.
J’ai découvert que CRN c’est : circulation régionale normothermique. C’est la clef de Maastrich 3. Cette circulation se fait grâce à des machines à perfusion.
LAT veut dire limitation ou arrêt thérapeutique.

Maastrich 1 : concerne les personnes faisant un arrêt cardiaque en dehors de tout contexte de prise en charge médicalisée et pour lesquelles le prélèvement d’organes ne pourra être envisagé que si la mise en œuvre des gestes de réanimation de qualité est réalisée moins de 30’ après l’arrêt cardiaque. On ne parle plus que de Maastrich 2 ou 3.

Maastrich 2, c’est quand on prélève un organe sur un donneur dont le cœur vient de s’arrêter de manière inopinée.

Alors que Maastrich 3, c’est lorsque l’on décide de limiter ou d’arrêter les soins thérapeutiques sur une personne « condamnée ». Le fameux LAT.
Cette technique de prélèvement doit permettre de compenser la baisse des prélèvements en état de mort encéphalique.
Elle est mise en œuvre à l’étranger depuis plus longtemps qu’en France, qui n’a légalisé ce procédé qu’en 2015.
Les résultats sont considérés comme très bons. Surtout en France parait-il car les protocoles validés par l’Agence de la Biomédecine sont plus contraignants. Les pays étrangers ont maintenant tendance à se rapprocher de nos protocoles.

Voici le schéma représentant le protocole à respecter. Comme on peut le voir tout est préparé, minuté car, nous sommes les mieux placés pour le dire, le temps est un facteur primordial lors d’une transplantation.

Et que voit-on dans ce planning de précipitation organisée ? Une petite case en rouge baptisée : five minutes NO TOUCH !
Je ne me risquerai pas à commenter toutes les phases médicales de ce diagramme mais je reste très intrigué par ce five minutes No Touch !
Que se passe-t-il pendant ces 5 minutes ? On imagine le jeu de « Jacques-a-dit » : Jacques a dit : On ne bouge plus ! Et tout le monde se fige pendant 5 minutes dans la position qu’ils tenaient juste avant. Puis tout reprend sur un rythme effréné jusqu’au prélèvement.

Je ne devrais pas plaisanter, mais ce temps d’arrêt m’a paru remarquable au milieu de ce planning de course contre la montre.
En vérité, Maastrich 3 est tout aussi difficile à vivre pour les proches que lors de la mort encéphalique. Certains proches demandent à assister à l’arrêt des soins et sont donc admis dans le bloc opératoire.

Nous avons assisté à la projection de ce schéma pour chaque type de transplantation. Pour les transplantations hépatiques, le professeur Cherqui mentionne les bons résultats.
« J’aime bien citer son nom car c’est lui qui m’a opéré « , il mentionne quelques risques de complications biliaires qui sont totalement maitrisés. Il regrette que les prélèvements de type Maastrich3 ne se développent pas plus rapidement.
Afin de tempérer l’optimisme général pour ce type de greffe, une personne dans l’assemblée fait remarquer que la comparaison des résultats de prélèvements sur mort encéphalique versus arrêt circulatoire est légèrement faussée dans la mesure où les critères imposés en cas de Maastrich 3 sont plus restrictifs. On ne peut pas s’empêcher de penser que ce n’est peut être pas entièrement faux.

En tout cas voilà la piste d’amélioration de 2019 pour le don d’organe.

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